I ♥ bones !

Her.

 

 

De fines boucles blondes illuminaient un sourire parfait, sincère, à la limite du supportable. Son corps mince flottait dans une robe or éblouissante, qui pourtant avait cette façon délicate d'enjoliver sa beauté sans attirer l'attention. De vertigineux talons noirs la remontaient vers le ciel, galbaient ses jambes fines, si fines... Son corps entier dégagait une sorte de charme irrésistible, les étoiles dans ses yeux, son sourire la faisaient rayonner, la rendaient si légère qu'elle aurait pu s'envoler à l'instant. Un chignon faussement décoiffé mettait en valeur la blondeur de ses cheveux et dégageait cette nuque subtilement dessinée sur laquelle se reflétait la lumière du soleil. La façon qu'avaient tous ces gens de se tourner vers elle, son regard plein d'attentions, de douceurs et d'amour, m'envoûtèrent. De lourdes boucles d'oreilles s'assortissaient avec un sautoir d'un noir profond, finissant la tenue. A son poignet, un fin bracelet de perles, presque invisible, en constituait le seul élément rouge. Elle ne semblait pas venir de mon monde, elle représentait l'irréel, l'éclat de cette apparition avait ce même côté inaccessible qu'avait celui des étoiles. Une princesse, quelque chose de si parfait et authentique à la fois... Je fus ébloui par la façon dont sa robe aérienne voltigea lorsqu'elle se tourna dans ma direction, attirée par un faible soupir que je n'avais pu retenir. Un instant, sans qu'elle ne s'en rende compte, elle croisa mon regard, et son sourire s'effaça légèrement  sans pour autant altérer l'éclat de ses yeux, desquels elle continuait de balayer les horizons. Avec toute la délicatesse que pouvait avoir la démarche de cette fée qu'elle était, elle reprit son chemin. Mais alors, mon obsession était née.

C'était le troisième déjà, en deux mois à peine. J'observai la courbe de son bras, comme fasciné par le fait de pouvoir voir chacun de ses muscles saillants à des centaines de mètres de distance. Ces jumelles étaient définitivement une merveille. Je pouvais voir son coude, la manière que ce fils de pute avait de poser sa main d'une taille grotesque sur la hanche de la perfection. Cette brute la caressait, pouvait sentir sa peau douce sous ses doigts qui ne la méritaient pas, ce salopard posait ses lèvres sur sa joue que je ne pouvais que regarder, il glissait la main dans ses cheveux. Nul n'aurait jamais dû décoiffer les cheveux d'or de Elle, ma Elle, ma perfection. Mon obsession malsaine, celle dont les milliers de clichés glissaient chez moi, dans chaque pièce, jusque sur le sol. Sa coiffure était une oeuvre unique, chaque jour différente, tout comme sa tenue. Des escarpins bleu marine aujourd'hui, du velours sûrement, ornés d'un noeud d'épais ruban de la même matière, légèrement sur le côté. Elle portait un jean, qui laissait deviner la courbe parfaite de ses cuisses sans rien en dévoiler. La couleur très délavée aurait pu lui donner un côté bimbo. Elle ne le faisait pas. Un pull épais, une marinière dans laquelle ses bras fins flottaient jusqu'aux coudes, au niveau desquels elle avait nonchalament remonté ses manches, aurait pu lui donner un air banal, on en voyait tant cette saison. Pourtant, il ne le faisait pas. Pour la centième fois, je fondis devant l'audace dont elle avait fait preuve en ce beau samedi matin, en osant cette fois un collier en pâte fimo qui ne rendait pas sur elle cet esprit gamin qu'il aurait donné à n'importe qui d'autre. Elle avait pris la peine de lisser ses cheveux et les laissait tomber sur ses épaules, jusqu'au milieu de son dos gracieux, simplement décorés d'une pertite barette, en forme de noeud, qui rappelait ses chaussures. Ses mains étaient elles aussi fascinantes. Parfaitement manucurés, ses ongles recouverts d'un vernis rouge très classe n'étaient ni trop courts, ni trop longs. Elle tenait un iPod, à ce que je pus voir, dont elle caressait distraitement le métal froid tout en s'appliquant à marcher la tête à moitié posée contre le torse du connard qui lui servait de petit ami. Les passants, inconsciemment interloqués par cette fille, s'écartaient, me permettant d'avoir le jeune couple dans mon champ de vision en permanence. Bientôt, cependant, ils entrèrent dans un restaurant tandis que l'éclat du soleil se délavait légèrement. Je pouvais imaginer l'éclat délicatement rose qu'il aurait pu donner aux cheveux de la jeune femme qui était au centre de ma vie depuis toujours. Depuis que son sourire m'avait envoûté, depuis qu'elle avait commencé à torturer mon coeur de la perfection dont elle faisait preuve dans le moindre de ses mouvements. J'avais eu beau l'observer, encore et encore, jamais aucun de ses gestes n'avait trahi la moindre faiblesse humaine. Pas même en rêve. J'inscrivis dans mon carnet la date, l'heure, l'adresse du restaurant. J'irais me renseigner sur ce qu'elle avait commandé dès qu'elle sortirait. J'aurais voulu la toucher, l'embrasser, la serrer, déshabiller cette beauté sans mettre de désordre dans ses cheveux. Elle était de celles qui se faisaient belles avant votre réveil, de celles pour lesquelles l'expression tête dans le cul n'existait pas. Réveil à 5h. Jogging jusqu'à 6h30, une douche fraîche. Puis elle descendait de chez elle, traversait la rue de la République, marchait encore 500 mètres et prenait un expresso sans sucre, sans crème, au grand café des négociants, tout en lisant la rubrique mode. Parfois, elle lisait un mot d'amour sur son blackberry, souriait faiblement avant d'avaler son café d'une traite pour rejoindre son amant du moment, dont elle changeait comme de chemise. Avec une classe fatale, elle remontait les escaliers pour aller se faire belle. A 7h, elle avait fini, enfilait ses chaussures, s'admirait dans le miroir, arrangeait une dernière fois ses cheveux avant de sortir, parfaite.

Sa démarche avait l'assurance incomparable que son métier lui avait enseigné. Mannequin, c'était évident. Elle avait cette façon de montrer au monde entier que sa grandeur d'âme ne ressortait pas assez sur son physique avec son mètre soixante-quinze, non, des bottes valentino aux talons vertigineux s'imposaient. Ces bottes ne lui donnaient pourtant pas l'air snob que n'importe quelle autre femme de cette taille aurait eu en les portant. Cassant tous les clichés d'un simple regard, Elle me fascinait de plus en plus, au point de me donner des insomnies. Son physique aurait pu lui suffire, mais non... Le samedi, elle se rendait souvent à des conférences sur la solidarité, la musique, des musées, tout ce qui pouvait la cultiver. C'était célibataire ce matin-là qu'elle se rendait, un immense sac prada sous le bras, chez la couturière la plus réputée de la ville. Mes observations méticuleuses faisaient de moi l'homme qui en savait le plus sur Elle. Une robe de soirée Chanel, qu'elle s'était faite offrir pour se rendre le soir-même à l'ouverture d'un grand hôtel, était légèrement large au niveau de la taille. Et étant donné que seul son perfectionnisme la menait à la perfection, voilà que cette beauté l'avait délicatement mise dans son sac pour la faire retoucher. Je ne pouvais m'empêcher de fantasmer sur son corps mince mis en valeur par le tissu vert bouteille, et eus soudain plus hâte encore de me rendre à la réception de ce soir. En attendant, caché derrière mes jumelles, je détaillai la façon qu'Elle avait d'enrouler avec toute la délicatesse du monde ses doigts fins autour de la poignée de la porte. Jour de chance, la grande vitrine me permettait de ne pas la lâcher des yeux. Elle se présenta et salua la femme fade et si peu classe derrière le comptoir, un sourire plein d'une gentillesse sincère accroché à ses lèvres rouge carmin. Leur mouvement me fit perdre le fil de mes pensées un instant, et, tremblant, je passai la main dans mes cheveux pour me ressaisir. Avec des gestes précautionneux, Elle sortit la robe et la déballa, son sourire charmant toujours sur le visage, dont la réceptionniste elle-même n'arrivait pas à détacher les yeux. C'est le regard brillant d'admiration que la femme prit la robe. Moi-même, je ne pus retenir une exclamation à la vue de cette oeuvre d'art. Rien n'était trop beau pour Elle.



14/10/2010
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